
En Suède, c´est sur le budget des communes que repose le financement de l´ensemble des établissements publics d´enseignement hors universités : jardins d´enfants, écoles primaires et collèges, lycées, établissements publics pour handicapés et écoles pour adultes.
Le système éducatif est décentralisé en Suède depuis 1994, les communes ayant des compétences étendues : il existe 290 communes en Suède qui ont en réalité un périmètre d´action semblable à celui des communautés d´agglomération en France.
En 2008, les coûts liés au financement de l´école de base représentaient 13,4% du budget des communes et couvraient les salaires des professeurs, l´achat ou la location de locaux, la fourniture du matériel pédagogique et le service de restauration scolaire.
Ces coûts sont variables d´une commune à l´autre, c´est la raison pour laquelle un système de péréquation a été mis en place en 2005 permettant de transférer de l´argent des communes les plus riches vers les communes les plus pauvres. Néanmoins, ce système de péréquation ne compense que partiellement les inégalités entre communes. Dans ce contexte, le développement des écoles privées affecte les finances communales car les communes perdent certaines aides de l´État.
La distinction public / privé n´a pas le même sens qu´en France, car en Suède les écoles sont gratuites. Nous avons en réalité trois profils d´écoles privées en Suède : les établissements indépendants qui n´imposent pas de frais de scolarité, les écoles religieuses et les écoles liées à une entreprise qui réalise des bénéfices. C´est le développement de ce troisième type d´établissements qui inquiète certains responsables politiques de gauche, dans la mesure où l´école est dépendante du marché avec un impact direct sur la définition des matières mises à l´étude pour les élèves. Nul doute que la décentralisation du système éducatif a entraîné la privatisation d´un certain nombre d´établissements qui demeurent liés à des fondations ou à des entreprises.
La Suède comptait 359 établissements indépendants en 2007 contre 82 en 1997.
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Par exemple, la société d´enseignement indépendant John Bauer Organization, rachetée récemment par le groupe d´investissement danois Axcel, gère des écoles dans plus de 29 communes et touche environ 10 000 élèves. Cette société gère 28 lycées et réalise en 2009 un chiffre d´affaires de 100 millions d´euros.
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Kunskapsskolan gère 23 collèges et 10 lycées : entre le 1er juillet 2008 et le 30 juillet 2009, le chiffre d´affaires de cette entreprise s´est élevé à 74 millions d´euros avec plus de 4,5 millions d´euros de bénéfices.
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Pysslingen a sous sa responsabilité 60 jardins d´enfants et 21 écoles primaires et collèges pour un chiffre d´affaires de 82,9 millions d´euros et des bénéfices de 1,6 millions d´euros.
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Academia a en charge plus de 45 000 élèves et possède plus de 100 écoles ; elle a dégagé un bénéfice de 14,5 millions d´euros en 2009.
Kunskapsskolan et Academia investissent à l´étranger et ont ouvert des écoles au Royaume-Uni et aux États-Unis. Les programmes pédagogiques de ces établissements doivent néanmoins se conformer aux curriculae de l´agence nationale de l´éducation suédoise.
Toutes les écoles libres ne sont pas forcément à condamner, mais nous ne pouvons tolérer le fait que l´éducation passe sous la coupe du marché avec l´apparition des holdings éducatifs. L´éducation à la suédoise serait-elle soudainement devenue un modèle néolibéral ? Il importe néanmoins de rappeler que dans ce système, la gratuité des frais de scolarité est quasiment intacte pour les élèves.