
Le parti des « vrai finnois » (Sannfinländarna) a obtenu un excellent score lors des élections législatives du 17 avril dernier en quadruplant son score (en passant de 4.1% en 2007à 19.2%). Il constitue la troisième force politique du pays après les Sociaux-démocrates et le parti conservateur. Les « vrais finnois » ne sont pas à comparer aux démocrates suédois (Sverigedemokraterna, parti d´extrême-droite) même si certaines thématiques (immigration) sont partagées par les électeurs. Le grand perdant des élections est le parti du centre de Mari Kiviniemi qui, avec 16.5%, est relégué à la 4e place. Les sociaux-démocrates finlandais, malgré un recul de deux points, évitent la déroute annoncée et le parti conservateur Samlingspartiet de Jyrki Katainen obtient un score très honorable (19.6%). Il constitue la première force politique du pays et Jyrki Katainen est devenu le nouveau premier ministre après trois semaines de tractations. Le parti des « vrais finnois » fait partie de l´opposition après son refus de participer à un gouvernement qui soutient le plan de sauvetage européen au Portugal. Le Parlement finlandais a en effet le droit de se prononcer sur les demandes de fonds de financement de plans européens de sauvetage.
Les « vrais finnois » du leader charismatique Timo Soini ont su exploiter la vague de mécontentement populaire à l´égard de la situation politique du pays. Fait surprenant, dans un pays traditionnellement europhile, les critiques à l´égard de l´Union européenne proférées par ce parti ont trouvé gain de cause : il n´est pas question que les Finlandais aient à payer l´ardoise des pays n´ayant pas contrôlé l´état de leurs finances publiques. En d´autres termes, les « vrais finnois » se sont prononcés contre les plans européens de sauvetage des pays en difficulté économique. Jutta Urpilainen, le leader social-démocrate, a eu des positions également remarquées au cours de cette campagne en prônant une politique migratoire européenne plus cohérente et en critiquant également certaines décisions européennes.
Pour le reste, les « vrais finnois » ont remis en cause le bilinguisme du pays en contestant le fait que les communes soient contraintes à enseigner le suédois et à maintenir l´accès au suédois. La minorité suédophone de Finlande s´est trouvée ainsi très préoccupée par les accents de ce discours, car il semble que le bilinguisme constitutionnel de la Finlande soit de plus en plus remis en cause. Certaines communes de l´est de la Finlande tablent plus sur le russe que sur le suédois et préfèrent encourager l´apprentissage de cette langue étant donné la position géopolitique de la Finlande. Le vote des Finlandais exprime davantage un malaise identitaire qu´une volonté d´adhérer à des positions fermées.
Les « vrais finnois » représentant un courant de la droite populiste avec quelques thèmes favoris de l´extrême-droite, mais n´ont pas des positions aussi radicales que les Sverigedemokraterna suédois. La situation de la Finlande ressemble au reste de l´Europe avec un ancrage de positions eurosceptiques, un repli sur certains thèmes nationalistes et un affaiblissement structurel et global de la gauche. La peur de l´avenir règne dans la majorité des pays européens (peur du déclassement, peur de l´immigration…), ce qui rend certains thèmes progressistes momentanément inaudibles.
Peut-être que cet avertissement est à entendre comme une demande inconsciente de repères et les Socialistes auront intérêt à reprendre l´offensive idéologique sur le projet européen. Quelle Europe voulons-nous en temps de crise ? Quelles politiques voulons-nous coordonner ? Comment produire autrement pour pouvoir répartir d´une autre manière les richesses et générer le bien du plus grand nombre ?
Vivant en Finlande depuis plus de 7 ans, je n’avais jamais entendu le mot « Sannfinländarna » à propos de ceux que vous appelez « vrais finnois », sans doute parce que c’est du suédois. Même si le finnois et le suédois sont les deux langues officielles de la Finlande (comme indiqué à juste titre dans votre article), on les appelle plutôt en finnois : « Perus suomalaiset ».
A propos, la traduction « vrais finlandais » ou « vrais finnois » est discutable, voir les explications dans le premier commentaire en réponse à ce post :
http://www.populisme.eu/2011/05/19/les-vrais-finlandais-sont-des-finlandais-de-base/
Sur ce point vous n’êtes ni les seuls ni les premiers à relayer cette traduction qui selon moins est assez imprécise.
Merci pour cette précision sémantique fort passionnante .
Bien cordialement