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« Les Indignés » en Israël

Faire descendre un million de personnes dans la rue, soit un habitant sur sept, tel était le pari fou des « indignés » qui campent depuis huit semaines sur le Boulevard Rothschild à Tel-Aviv et dans les grandes villes d’Israël.

Cette manifestation qui part du Boulevard Rothschild jusqu’à la « Place de l’Etat » (Kikar Hamedina), les deux principaux lieux de résidence de la bourgeoisie telavivienne, se voulait être la plus grande manifestation organisée depuis la première guerre du Liban où près d’un demi million de personnes étaient venues en 1982 manifester leur indignation devant la complicité passive de l’armée israélienne, après les massacres de Sabra et Chatila par les milices chrétiennes libanaises.

Fin 2008, des sympathisants et des membres de la section Yitzhak Rabin créent la « Coordination Francophone pour la Paix et la Justice Sociale » dans le but de rassembler les associations qui luttent pour atteindre ces deux objectifs que nous croyons indissociables. L’accueil est chaleureux, les rencontres avec des personnalités intellectuelles et politiques se multiplient mais sur le terrain, nous comprenons très vite que sans une réelle volonté des citoyens de base de se mobiliser, rien ne changera.

A cela, plusieurs facteurs :

    - la gauche « officielle » (Avoda et le Meretz) est devenue portion congrue sur l’échiquier politique et le parti Avoda s’est discrédité en participant à la coalition gouvernementale.
    - le parti travailliste est devenu inaudible sur les questions de justice sociale, de lutte contre la corruption, du poids des oligarques et de meilleure répartition des richesses.
    - la gauche maintient une position ambiguë quant à la cessation des constructions et au démantèlement des colonies dans les territoires occupés depuis 1967.

Nous n’avons cependant pas perdu espoir en pensant que tôt ou tard, les adolescents qui se sont forgés une conscience politique en venant, chaque année, commémorer l’assassinat d’Yitzhak Rabin sur la place de Tel-Aviv qui porte désormais son nom, finiraient au fil des années par devenir des étudiants et de jeunes adultes, capables de porter haut et fort la contestation. Ainsi, deux camarades israéliens de la section coordonnent, depuis le début du « Forum Rothschild », les ateliers de réflexion sur les thématiques de l’habitat et des loyers.

Certes, pour ratisser large et tenir pendant des semaines, malgré les accusations du gouvernement, les attaques de l’extrême droite et les attentats de ses derniers jours, les leaders des « indignés » n’ont abordé que du bout des lèvres le problème de l’occupation mais chacun sent bien que les verrous sont en train de sauter.

De plus en plus de voix s’élèvent pour dénoncer le fait que les chiffres exacts relatifs à l’occupation sont systématiquement dissimulés par le gouvernement.

En Israël, près de 25% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté (moins de 500 euros par personne), la classe moyenne se paupérise, les médecins gagnent 5 euros de l’heure pendant leurs gardes dans les hôpitaux, les retraités, les jeunes, les parents isolés, les chômeurs chroniques, les nouveaux émigrants et les minorités religieuses sont étranglés financièrement.

Pendant ce temps, 3 milliards de shekels par an sont dépensés pour le coût civil de l’occupation : subventions aux colonies, logements, services publics, santé, transports, éducation, dégrèvement d’impôts. Ils viennent s’ajouter aux 6 milliards de Shekels annuels pour les coûts militaires de cette même occupation, soit un budget total de près de 10 milliards de shekels (2 milliards d’euros).

La manifestation de ce soir n’atteindra pas le million espéré par les organisateurs. En rassemblant 350.000 personnes à Tel-Aviv, 70,000 à Jérusalem, et une centaine de milliers dans les autres villes du pays, elle reste néanmoins le point d’orgue d’un mouvement social dont les politiques ne pourront pas ne pas tenir compte même si dans les prochaines semaines les tentes seront démontées et que le Boulevard Rothschild redeviendra un quartier calme et cossu.

Dans les semaines qui viennent, d’autres rendez-vous nous attendent. A la fin du mois, toutes les conditions sont réunies pour que l’Etat palestinien soit proclamé. Les deux sociétés: israélienne et palestinienne, en dépit de leurs problèmes spécifiques, sont conscientes du fait qu’il ne sera plus possible pour leurs dirigeants de mettre sous le tapis les problèmes d’inégalités socio-économiques et d’étouffer les luttes sociales de leurs populations respectives au nom des contraintes sécuritaires.

Si aujourd’hui, l’heure n’est pas encore venue, pour la majorité de manifestants, de faire le lien entre l’aggravation des injustices économiques et sociales et le poids moral et financier de l’occupation, les choses sont en train de changer.

Dans ce contexte, la section Yitzhak Rabin espère que les partis frères en Israël et notamment le Parti Travailliste, dont les élections pour le poste de Premier Secrétaire se tiendront la semaine prochaine, sauront prendre toute la mesure de cette évolution.

Elizabeth Garreault – Olivier Smadja
Section Yitzhak Rabin – Israël

Photo : Olivier Smadja

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