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Allemagne : les élections régionales au Mecklembourg-Poméranie-Occidentale

Les élections régionales de Mecklembourg Poméranie Occidentale de ce 4 septembre sont les 7e élections régionales perdues d’affilée par la coalition gouvernementale de la Chancelière Angela Merkel et ce depuis sa ré-élection en 2009. Cet échec est d’autant plus inquiétant pour elle que la circonscription dont elle est l’élue est située dans cette région du Nord-Est de l’Allemagne.

Le scrutin confirme la crise profonde que traverse le parti libéral FDP (Freie Demokratische Parte), marque le renouveau du SPD (Sozialdemokratische Parte) qui cette fois, au lieu de simplement consolider ses positions existantes comme dans les scrutins précédents, a réussi à gagner en pourcentage et en voix ; confirme le besoin d’écologie avec l’entrée, pour la première fois dans ce parlement régional, des Verts et malheureusement témoigne d’un enracinement local des néo-nazis du NPD.

La participation a été très faible, passant d’un 58% déjà médiocre en 2006, à 52% .
Les pourcentages s’établissent comme suit

      SPD 35,7%, l
      CDU 23,1%,
      Linke 18,4%,
      Grüne 8,3%,
      NPD 6%,
      FDP 2,8%
      Divers 5,7%.


Erwin Sellering (SPD), le Ministre Président de l’exécutif régional, a ainsi le choix du Parti partenaire pour construire sa coalition majoritaire. Le SPD a déjà gouverné avec le parti prédécesseur du Linke, le PDS (l’ancien parti communiste issu de la RDA , qui a fusionné en 2009 avec d’anciens militants du SPD) et sort d’une coalition avec les conservateurs de la CDU. Hier soir, dans les débats télévisés, Erwin n’a bien évidemment pas dit avec qui il souhaitait mettre en œuvre sa coalition gouvernementale les négociations avec les Linke et la CDU vont sans doute durer quelques semaines. Cependant, les thèmes qu’il a mis en avant – mise en place d’un salaire minimum par exemple – sont plus compatibles avec les choix idéologiques du Linke qu’avec la CDU. Il était d’ailleurs pathétique hier soir de voir les dirigeants de la CDU régionale faire la danse du ventre devant le SPD, réaffirmant leur volonté de continuer le gouvernement actuel.

Les Linke pour leur part ne savent pas trop comment accueillir ce résultat tout compte fait très mitigé. Ils avaient l’espoir de progresser fortement, or ils n’ont gagné que 1,5% d’électeurs, perdant même des voix du fait d’un fort taux d’abstention. Malgré tout, ce résultat devrait leur permettre de retrouver le chemin d’un exécutif régional.

Les Grünen ont confirmé à la fois leur excellente année 2011, en entrant pour la première fois depuis la chute du Mur et la constitution de cette région, dans ce parlement, et le fait qu’ils aient mangé leur pain blanc. Pourtant, là aussi il semble que le nadir ait été franchi. Leur score de 8,3% ne sera pas suffisant pour constituer une majorité Rouge-Verte. Pour les Grünen, qui ont passé la fin 2010 et 2011 à s’interroger à haute voix sur les possibilités d’alliances régionales et nationales avec les conservateurs de la CDU, le scrutin de Berlin du 18 septembre prochain prend une importance particulière.

Dans un premier temps Renate Kunast, la tête de liste des Verts à Berlin, semblait en mesure de gagner les élections et de devenir maire et ce jusqu’au début de l’Été. Puis, des rumeurs d’une possible coalition avec les conservateurs ont entrainé leur effondrement dans les sondages. Les électeurs issus de la radicalité alternative berlinoise préférent reporter leurs voix sur le « Parti des Pirates »(PP) et les électeurs SPD se rassembler autour de Klaus Wowereit, l’actuel maire sortant SPD de Berlin. L’effondrement des libéraux, captés en grande partie par les Verts, ne compense pas la perte des électeurs Verts de gauche. Le résultat du Dimanche 18 septembre aura donc des répercussions fondamentales sur la stratégie des Verts au niveau fédéral en vue de 2013.


Par-delà les résultats de ces élections régionales deux éléments importants de la vie politique allemande sont à noter : l’enracinement du NPD et les conséquences éventuelles du vote de ce jour pour le gouvernement fédéral.

Le NPD (Parti neo-nazi, xénophobe) est maintenant profondément enraciné en Mecklembourg-Poméranie-Occidentale. Ainsi, le NPD obtient il des élus dans tous les conseils aux élections des « Kreis » de la région – une structure administrative à mi-chemin entre le regroupement de communes et le canton en milieu rural,gérée par un conseil élu.

L’Allemagne a la chance d’être le seul grand pays européen multipartiste sans grand mouvement populiste d’extrême-droite. Elle avait pourtant tenté une stratégie à la « Front National » entre 2005 et 2009 en concluant des accords électoraux entre ses différents partis – les ultranationalistes de la DVU laissant la place aux néonazis (et oui, il y a une nuance) du NPD ici et inversement là. Cette alliance n’existe plus.

Le NPD a une politique très agressive d’implantation en milieu rural, dans les régions désertées de l’ex-RDA. Seule force structurée sur place, le NPD a ainsi dépassé les 10% dans plusieurs cantons. Cette stratégie a aussi permis au NPD de s’implanter en Saxe, et d’avoir des conseillers régionaux ré-élus. En gros, le NPD cherche un « Dreux » allemand pour définitivement s’ancrer comme LE parti allemand de la droite populiste.

Là encore, Berlin sera très intéressant à observer le 18 septembre. Le NPD y a mené une campagne abjecte, rappelant les provocations d’un Le Pen père sur les « fours crématoires » ou « le détail », avec des affiches parées du slogan « Plein Gaz! ». Il est quasi-exclu que le NPD entre au parlement régional. Par contre, il faudra analyser avec beaucoup de précision dans quelles mairies d’arrondissement le NPD aura réussi à avoir des élus, et si il y progresse en nombre d’élus. La « chance » de Berlin à cet égard c’est l’extrême concurrence des mouvements populistes et racistes. N’oublions pas que Thilo Sarrazin, auteur d’un best seller devenu la nouvelle grille d’analyse des populistes allemands, est l’ancien ministre des Finances berlinois – et a toujours sa carte du SPD, deux procédures d’exclusion ayant déjà échoué…

Angela Merkel a perdu – encore une fois – mais cette fois dans sa région. De plus, son allié principal, le FDP, avait cru mettre fin à sa crise – à la fois programmatique et de direction – en détrônant l’actuel vice-chancelier ministre des Affaires Étrangères Guido Westerwelle au profit de la jeune star montante Philipp Rösler. Le fait de ne plus avoir d’élus en Mecklembourg-Poméranie-Occidentale, et la perspective de perdre aussi tous les élus à Berlin, risque de replonger le FDP dans une crise violente. Si Guido Westerwelle est discrédité, du fait de son attitude sur la Libye et sa démission attendue pratiquement chaque jour, les déroutes électorales fragilisent également Philipp Rösler. L’attitude idéologique anti-impôts, couplé à un refus des mécanismes d’aide européens, coupe le FDP d’une partie de sa base libérale et européenne. Le SPD, partisan des Eurobonds, auteur d’une déclaration commune avec le PS (Déclaration Gabriel-Aubry de Juin dernier), récupère ainsi un nombre d’ électeurs du FDP – avec un programme gauchi !


Cette crise du FDP et cet émiettement de la CDU peuvent avoir deux conséquences:

    1. Si Merkel a réussi à chasser de la CDU la plupart des barons qui peuvent la mettre en danger, il est tout à fait possible d’assister à une révolte de la base, qui aboutirait à la constitution d’une coalition alternative autour du président du Bundestag, Norbert Lammert, ou bien même autour du président de la République, Christian Wulff.


    2.Le FDP sombre dans le chaos, se divise au sein même du Parlement, et au cours d’un vote de politique européenne ne permet pas à Angela Merkel de rassembler une majorité. Ce vote va avoir lieu, il s’agit de la ratification de l’aide à la Grèce fin septembre. Si cette ratification ne devait être votée que grâce au seul SPD, cela en serait fini de la coalition actuelle et nous pourrions assister à des élections anticipées

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Mathieu Pouydesseau
Section de Berlin

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