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Élections en Autriche: le mariage de raison est en passe d’être prolongé

Une semaine après la victoire d’Angela Merkel, l’Autriche a également élu son nouveau parlement dimanche 29 septembre. Il est à noter que la durée du mandat est passée de 4 à 5 ans dans l’indifférence (presque) générale. 

Pour lire les résultats de ce scrutin, un rappel historique est nécessaire. Suite à une crise gouvernementale entre les deux partis au pouvoir dans le cadre de la traditionnelle grande coalition alliant le SPÖ (sociaux-démocrates) et l’ÖVP (chrétiens-démocrates), la chambre élue en 2006 avait été dissoute et des élections anticipées organisées en 2008. Le résultat fut la reconduction d’un grande coalition fortement affaiblie par rapport à celle 2006 avec un SPÖ à 29,3% (-6,1%) et une ÖVP à 25,8% (-8,3%). Les grands gagnants du scrutin furent les partis populistes « post Haiderien » du FPÖ (17,5% ; +6,5%) et du BZÖ, dissidence du FPÖ dirigé par Haider lui-même(10,7% ; +6,6%). Les Verts restaient quant à eux stables à 10,4%. 

Au final, l’équipe sortante de la grande coalition SPÖ/ÖVP a été reconduite. Pourtant, aux vues des pertes enregistrées (-2,2%) et la progression du FPÖ (+3,9%), la soirée fut morose pour les deux grands partis autrichiens qui enregistrent tous deux les plus mauvais scores de leurs histoires.


Les Verts, qui progressent de 1% mais comme d’habitude en deçà des estimations et de leurs espérances, ont quant à eux annoncé leur retour dans l’opposition. Deux nouveaux partis « Team Stronach » et les « NEOS » de mouvance libérale font leur entrée au parlement. Frank Stronach, magnat milliardaire franco-canadien, s’est lancé en politique à 81 ans sur le base d’un programme hyper-libéral, antibureaucratique et anti-corruption, se permettant même de suggérer la réintroduction de la peine de mort pour les « tueurs professionnels » . Les autres petits partis (les NEOS, libéraux ex-Liberales Forum, les Pirates, le KPÖ) ne font pas leur entrée au parlement et le BZÖ, orphelin de Jörg Haider, n’atteint pas non plus la barre requise des 4%.

Mathématiquement, l’ÖVP pourrait conduire des négociations visant à s’allier avec le FPÖ, la « Team Stronach » voire les libéraux de NEOS. Pourtant et bien que le vice chancelier Spindelegger ait annoncé sa volonté de parler avec tous, Erwin Pröll, chef du Land de basse Autriche et leader de fait du parti conservateur a déjà indiqué sa préférence pour la grande coalition. Les populistes du FPÖ ont également et dès dimanche soir fait un appel du pied au SPÖ et encouragé le chancelier Faymann à discuter d’une alliance mais celui-ci a émis dans la foulée une claire fin de non recevoir. L’ÖVP se trouve donc dans une situation comparable à celle du SPD allemand: il va bien falloir s’allier à nouveau au SPÖ après cette défaite mais les négociations de ce deuxième mariage forcé s’annoncent difficiles.

 

Le régime d’indivision entre SPÖ et ÖVP semble néanmoins vouloir se prolonger, avec cette particularité autrichienne de voir au sein du gouvernement, non seulement les ministres critiquer leurs collègues du camp adverse, mais également un chancelier et un vice-chancelier cogérer le pays ou plutôt les ministères dont leur partis respectifs sont en charge (souvent depuis toujours….) en parallèle plutôt qu’ensemble, fut-ce sur la base d’un programme commun de gouvernement. Il est à noter toutefois que cette méthode en apparence si immobiliste permet à l’Autriche de bien tirer son épingle du jeu tant socialement qu’économiquement dans le contexte de morosité européen (4,3% de chômage en 2012 selon le standard OIT).

Mais le paysage politique autrichien, fortement teinté de fédéralisme, semble pourtant évoluer avec trois tendances lourdes :

- L’effritement constant des deux grands partis de gouvernement SPÖ et ÖVP se confirme mais semble avoir atteint son plancher.

- Un ancrage des Verts dans le paysage politique avec une implantation locale en progrès par exemple à Vienne et en Carinthie où ils gouvernent avec le SPÖ mais également en Haute-Autriche et au Tyrol, où ils gouvernent avec l’ÖVP ainsi que dans le Land de Salzburg dans lequel le SPÖ s’est écroulé suite à des scandales financiers. Les Verts semblent donc gagner en crédibilité au gré de leurs succès dans les régions et il serait logique de les voir jouer le rôle national de premier plan auquel ils aspirent, soit en alliance avec le SPÖ, ce qui est politiquement possible mais mathématiquement improbable, voire dans une alliance plus large avec le SPÖ et l’ÖVP.

- Pour finir, le FPÖ a subi de nombreux revers lors des élections locales, ayant même perdu la Carinthie, fief de Jörg Haider, au profit du SPÖ allié à l’ÖVP et aux Verts dans une « Kenyakoalition »aux couleurs rouge, noire et verte. Si le FPÖ reste donc un acteur de poids au niveau national, maniant sans vergogne la polémique et la démagogie populiste, il se cantonne principalement au rôle de parti protestataire et doit partager son territoire avec la « Team Stronach ».

 

Les chiffres :

Suffrage (les 10% de « Wahlkarten »-vote correspondance ne sont pas encore prise en compte)
SPÖ :27,1% (-2,2%), ÖVP : 23,8% (-2,2%), FPÖ :21,4% (+3,9%), GRÜNE : 11,5% (+1%), TS :5,8%, NEOS :4,8%

Mandats (total 183 sièges)
SPÖ : 53, ÖVP : 46, FPÖ : 42, GRÜNE : 22, TS : 11, NEOS : 9

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