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Témoignage: note sur les élections cambodgiennes du 28 juillet 2013

Le 14 septembre, le roi du Cambodge Norodom Sihamoni convoquait le Premier ministre Hun Sen et le chef de l’opposition Sam Rainsy, dans l’espoir d’initier une médiation entre les deux hommes. Les résultats des dernières élections cambodgiennes, qui se sont tenues le 28 juillet dernier, sont dénoncés par le parti de Sam Rainsy. Ces élections sont les cinquièmes de ce type depuis les accords de Paris en 1991 mettant fin à l’expérience communiste au Cambodge : et leur résultat n’altère en rien le status quo.

Lors des premières élections, organisées en 1993 sous l’égide des Nations Unies, Hun Sen et son parti, le Parti du Peuple Cambodgien (PPC), sont perdants – en dépit de la notoriété acquise par Hun Sen au poste de Premier ministre  qu’il avait occupé pendant huit ans sous les Khmers Rouges.  Hun Sen conteste alors les résultats des élections, et parvient à devenir « co-premier ministre du Cambodge ». Puis, en 1997, il s’empare du pouvoir en ourdissant un coup d’Etat contre son Co-premier ministre. L’année suivante, suite à une « campagne » électorale reposant principalement sur la violence et l’intimidation, Hun Sen gagne les élections de 1998. En 2003 et 2008, il est réélu grâce aux mêmes techniques.

Au cours de presque trente ans de pouvoir, Hun Sen a réussi à exercer un contrôle considérable sur le Cambodge – par l’intermédiaire du parti, au bureau duquel siègent les plus hauts gradés militaires du pays. Hun Sen contrôle la police et les medias. Deux discours ont servi à légitimer cette mainmise autoritaire de Hun Sen sur le pays tout en lui assurant un soutien populaire, notamment :

- Hun Sen, ancien Khmer Rouge, aurait libéré le pays des Khmers Rouges

- Hun Sen aurait été l’artisan du formidable développement économique du Cambodge

 

Hun Sen ; aujourd’hui âgé de 60 ans, a promis de continuer à gouverner jusqu’à l’âge de 74 ans. Il avait également promis qu’en cas de défaite aux élections du 28 juillet, il ne cèderait pas le pouvoir à l’opposition – provoquant ainsi une guerre civile. L’issue de l’élection du 28 juillet, une victoire pour Hun Sen,  était donc des plus certaines.

Néanmoins, deux points intéressants sont à noter. D’abord l’avancée spectaculaire et inattendue de l’opposition, en dépit des irrégularités de l’élection, et ensuite la mobilisation des jeunes électeurs cambodgiens en faveur de cette opposition.

I – Un recul net de la popularité de Hun Sen et son parti

1)  Les partis en lice – Evolution électorale

Au total, huit partis politiques ont concouru pour ces élections. Seuls deux ont obtenu suffisamment de voix pour obtenir un siège de député :

- Le parti de Hun Sen, le Parti du Peuple Cambodgien (CPP)

- Le parti d’opposition, de Sam Rainsy, le Cambodian National Rescue Party (CNRP), issu d’une union de deux partis : l’ancien « parti de Sam Rainsy » et l’ancien « parti des droits de l’homme »

Le parti de Hun Sen a gagné 68 sièges sur 123, ce qui signifie un recul de 22 sièges.  Le parti d’opposition – unifié – a obtenu 55 sièges, ce qui équivaut à une nette progression de 27 sièges. Cette progression était inattendue à cause des conditions d’irrégularité dans lesquelles s’est déroulé le scrutin – notamment du traitement réservé au chef de l’opposition, Sam Rainsy.

2) Le retour de Sam Rainsy

Sam Rainsy, chef du parti d’opposition à la dictature de Hun Sen – personnage lui-même non moins xénophobe et anti-démocratique – condamné en abstentia dans diverses affaires, notamment diffamation contre le Premier ministre, ou encore pour avoir dénoncé le tracé de la frontière avec le Vietnam à une peine de plus de dix ans de prison, a bénéficié d’un pardon royal le 12 juillet et est rentré de son exil français le 19 juillet. Cependant il n’a pu présenter sa candidature, les « délais » pour enregistrer ladite candidature étant dépassés. Acclamé par une foule importante à son retour, la démonstration de sa popularité n’a pas été commentée par les medias cambodgiens afin « d’éviter les problèmes ». La clé du succès relatif de l’opposition dans cette élection est sans aucun doute son union autour de la personne de Sam Rainsy.

II- La mobilisation des jeunes électeurs cambodgiens en faveur de l’opposition

Pour la première fois, des débats télévisés opposant les deux candidats ont été organisés au Cambodge. Cette médiatisation n’est pas étrangère à la mobilisation des jeunes électeurs cambodgiens, qui semblent avoir retrouvé goût à la politique lors de cette élection – et qui, via les réseaux sociaux, se sont mobilisés pour Sam Rainsy, contre Hun Sen, dénonçant aussi les multiples fraudes électorales dont ils ont été témoins.

1) Dénonciation des fraudes électorales

Si la violence électorale a diminué en 2013, comparé aux élections précédentes, les menaces de « guerre civile »  et de coup d’Etat en cas de défaite de Hun Sen, argument traditionnel de ce dernier pour dissuader les votants de soutenir l’opposition, n’ont pas faibli.  Lors de cette élection, de nombreuses techniques de fraudes électorales ont été notées, notamment la délivrance de faux certificats d’identité, la manipulation des listes électorales, l’utilisation d’encre non indélébile pour les bulletins de vote, etc. Durant les élections, les jeunes cambodgiens se sont mobilisés sur Facebook pour dénoncer les irrégularités.

2) Dénonciation de la partialité de l’Etat

L’indépendance des commissions électorales a également été remise en question. Lors des trois dernières élections, la Commission Electorale a rejeté les plaintes pour fraude électorale, prenant parti pour le CPP. Les jeunes mais aussi les organisations de défense des Droits de l’Homme ont particulièrement dénoncé l’implication aux côtés de Hun Sen des forces de police et de l’armée.

CONCLUSION

Hun Sen a pris conscience de l’érosion de son pouvoir. Il est à prévoir qu’il essaie au cours du mandat de renforcer par tous les moyens son contrôle sur l’appareil d’Etat cambodgien dans son ensemble.

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