Intervention de Pierre-Yves Le Borgn', Premier Secrétaire Fédéral, au Conseil National du 25 mars 2008
Chers camarades,
Le Parti Socialiste et la gauche ont remporté les élections municipales et cantonales. Saluons la campagne magnifique livrée par nos amis dans toutes les communes de France. Partout, sur le terrain, élus et candidats ont rivalisé d'énergie, de vitalité et de volonté. Nous avons donné le meilleur de nous-mêmes. La gauche est désormais majoritaire dans les territoires. Et cette force locale sera déterminante dans la reconquête nationale qu'il nous faut engager sans plus tarder.
La victoire du 16 mars oblige chacun d'entre nous, socialistes, car elle révèle l'immense déception des Français moins d'un an après l'élection présidentielle. Injustement certes, Nicolas Sarkozy avait levé un espoir auprès de millions de compatriotes, qu'aucun résultat n'est venu confirmer depuis. Son capital politique est épuisé. La désillusion, mais aussi la colère et l'angoisse s'installent. Nous avons le devoir d'y répondre par un projet crédible, réaliste et courageux, exprimant à la fois notre compréhension de l'ensemble des enjeux en France, en Europe et dans le monde, et plus que tout notre confiance en l'avenir.
Rien ne serait plus malheureux que de croire que tout est arrivé, échec de la droite aidant, et que le balancier de la vie politique reviendra mécaniquement vers nous. Notre Parti a déjà fait cette erreur funeste dans un passé peu lointain. Si nous avons convaincu dans les territoires le 16 mars, nous n'avons pas à ce jour formulé d'offre politique alternative sur le plan national et les Français le savent. Ils nous jugeront aux actes, lesquels ne procéderont ni du statu quo, ni d'une rénovation a minima.
Le moment est venu d'engager au plus vite et avec ambition la rénovation de notre projet, de notre fonctionnement et de notre leadership. Je ne crois pas qu'il faille temporiser, encore moins différer certaines décisions, mais au contraire faire acte de courage en affrontant toutes les questions dès à présent. Premier Secrétaire Fédéral, mandaté par mon Bureau Fédéral, je veux exprimer à cette tribune l'attente insatisfaite des militants. Ce sont eux qui feront la rénovation, eux qui brûlent depuis juin 2007 de partager idées, analyses et propositions. Le blog de la rénovation mis en place à la Fédération des Français à l'Etranger a permis de l'attester.
Alors, ouvrons le débat sans tabou ni limite. Ne laissons pas les règles convenues de nos Congrès corseter, brider une fois de plus la réflexion. Tant de propositions ne demandent qu'à être présentées. Inspirons-nous des rénovations réussies de nos camarades socialistes et sociaux-démocrates européens. Je pense aux suédois. Aux portugais et aux belges aussi. Et surtout à nos amis espagnols du PSOE, dont nous avons tant à apprendre humblement, eux qui ont su, avec Jose Luis Rodriguez Zapatero, gagner le pouvoir national, l'exercer en conduisant des réformes justes et courageuses, et trouver dans les urnes le 9 mars la confiance renouvelée des électeurs.
Gardons-nous des petites habiletés tactiques et alliances de circonstances dont nous avons le secret et qui ne parlent qu'à nous-mêmes. Le moment est extraordinaire dans tous les sens du terme. Libérons la parole militante sans vouloir la préempter. Ce n'est pas un risque mais bien notre chance. C'est de ce formidable appel d'air participatif et citoyen que naîtra l'alternance et que nous ferons du Parti Socialiste, au cœur de la gauche, le parti de l'espérance, de l'optimisme et de la volonté.
Pierre-Yves Le Borgn'
Premier Secrétaire Fédéral
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