Débats |
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En sa qualité de délégué des Français de Belgique au Conseil supérieur des français à l'Étranger, Pierre-Yves Le Borgn' s'est adressé au Ministre de l'Éducation Luc Ferry à la suite de la publication de la " Lettre à tous ceux qui aiment l'école " Devant la gravité de la situation qui prévaut actuellement dans l'enseignement et les incompréhensions qui handicapent un débat constructif, la FFE tient à souligner les problèmes que rencontrent les Français à l'étranger Bruxelles, le 18 juin 2003 Monsieur le Ministre, Je vous remercie d'avoir bien voulu adresser votre « Lettre à tous ceux qui aiment l'école » aux membres du Conseil Supérieur des Français de l'Etranger. Je l'ai lue avec intérêt. Vous me permettrez d'y regretter l'absence d'une réflexion quant à l'avenir de l'enseignement français à l'étranger. Croyez bien que nombreux sont les Français à l'étranger qui aiment aussi l'école de la République. Je la rêve gratuite, cette école, comme celle à laquelle j'allais il y a 30 ans dans le Finistère. Ou à tout le moins bien moins coûteuse. Je déplore que des familles modestes d'enfants français puissent renoncer à l'inscription dans les établissements de l'Agence pour l'Enseignement Français à l'Etranger en raison de frais d'écolage prohibitifs. J'aurais aussi aimé lire sous votre plume un engagement clair pour une tutelle sur l'Agence exercée par le Ministère de l'Education Nationale et le Ministère des Affaires Etrangères, non plus par ce dernier Ministère seulement. C'est un combat auquel, élu des Français à l'Etranger, j'adhère pleinement. Il appelle toute l'attention du Gouvernement. J'espère que vous aurez à cœur d'y donner droit. Il me semble que votre ouvrage aborde la question européenne trop brièvement. Les jeunes Français, en comparaison aux autres écoliers et lycéens d'Europe, ont en effet un retard à combler en matière de maîtrise des langues étrangères. Ne croyez-vous pas que c'est avant tout par le développement résolu de filières bilingues que nous attaquerons cette difficulté de front et assurerons ainsi la meilleure promotion de l'idéal européen ? Plus loin, ne faut-il pas aussi faire l'Europe de l'éducation pour tous, y compris pour les élèves des filières techniques et d'apprentissage ? Je voudrais voir émerger un véritable espace européen de l'enseignement technique, comme il existe aujourd'hui un espace européen de l'enseignement supérieur. Enfin, permettez-moi d'attirer toute votre attention sur le besoin de veiller sans relâche à la reconnaissance concrète des diplômes. En effet, si une chose est de s'en féliciter, une autre est bien de l'appliquer. Elu des Français de l'étranger, je connais malheureusement des exemples de non-application du droit qui ont pénalisé des jeunes ayant fait le choix de la mobilité européenne. Ces situations sont inacceptables, qu'elles aient source en France ou dans un autre pays membre de l'Union européenne. J'ai remarqué une dédicace dans les premières pages de votre livre, que je me suis empressé de lire. A ma plus grande surprise, elle n'était pas de vous, mais d'une institutrice de Tours qui vous retournait son exemplaire. Le livre était donc recyclé vers un destinataire supposé plus compréhensif ! Pas de chance: fils et frère d'enseignants, je dois reconnaître avoir été plus convaincu par les arguments de cette institutrice, et les craintes légitimes qui l'animent quant à la pérennité de notre système d'éducation au regard de vos projets, que par les 170 pages de votre lettre. Le mouvement actuel des enseignants est juste et je m'en sens largement solidaire. Par ce courrier, je tenais aussi à vous le dire, sans emportement, mais avec conviction. Je vous prie de croire, Monsieur le Ministre, en l'assurance de ma plus haute considération. Pierre-Yves Le Borgn'
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