Débats
     
    MOTION DE LA SECTION PS DE DAKAR  
     
   La section de Dakar prend acte de la réaction du Parti Socialiste français face aux évènements de Côte d’Ivoire. Elle déplore cependant qu’il ait fallu attendre tant de morts et le rapport sans appel de l’ONU pour que cette réaction se fasse. Depuis l’an dernier, notre section dénonçait fermement les atteintes aux Droits de l’Homme constatées dans ce pays depuis les évènements de septembre 2002. Elle réfutait également avec vigueur l’argument ontologique selon lequel l’appartenance du Président Laurent Gbagbo à l’Internationale Socialiste l’absolvait de toute critique au nom de la solidarité socialiste. Pour nous, militants d’un parti qui a fait de la lutte pour les Droits de l’Homme une valeur fondamentale, l’attitude des dirigeants du PS français semblait en effet témoigner d’un aveuglement profond lié à un soutien inconditionnel à un président membre de l’Internationale Socialiste.

Le concept d’Ivoirité, faut-il le rappeler, a été forgé de toute pièce par le PDCI alors au pouvoir afin d’éliminer la candidature d’un seul homme, Alassane Ouattara, à la magistrature suprême. Ce concept a eu pour conséquence l’instauration d’un véritable « haine de l’autre » aux effets dramatiques, menant à une profonde division de la population, incluant ou excluant les citoyens ivoiriens selon des critères ethniques et religieux dangereux. 

Ce concept, en soi hautement condamnable, a été repris à son compte par le président Gbagbo, qui l’ayant adroitement habillé de patriotisme pour paraître plus acceptable, l’utilise pour continuer à diviser la population. Ceci n’avait alors fait l’objet d’aucune critique de la part du PS français. Bien plus, lors de son voyage en France en février 2004 à l’invitation de Jacques Chirac, le président Gbagbo a été reçu très officiellement par le premier secrétaire du PS, François Hollande, et à la Fondation Jean Jaurès par des anciens ministres socialistes (Mrs Emmanuelli, Josselin, Mauroy et Nallet) ainsi que par « l’ami de toujours », Guy Labertit, qui lui ont réitéré leur confiance. Laurent Gbagbo, ainsi adoubé par ses amis socialistes, a pu continuer dans sa voie de division et de répression de la société ivoirienne.

Alors que le PS, suite aux élections régionales victorieuses de mars 2004, peut prétendre à gouverner à nouveau la France, il nous paraît essentiel, après les errements de constatés lors des exercices du pouvoir précédents (Rwanda, affaire ELF, Carrefour du Développement), que sa politique africaine redevienne une priorité, et soit conseillée par des experts reconnus et non par des « amis de présidents » ou autres membres de réseaux établis. 

En tant que membres du PS français vivant dans une métropole africaine moderne, nous pouvons témoigner que nos amis africains attendent enfin d’un parti de gouvernement la mise en place d’une politique africaine audacieuse et claire, basée sur des notions de transparence et de solidarité, dans le plus grand respect des Droits de l’Homme et des règles démocratiques.