Débat militant
     
       PS & PSE : les chantiers de la rénovation  
  

 
Quelques pistes pour la discussion
 
Pierre-Yves Le Borgn' et Richard Yung
Section de Bruxelles et Section de Munich

Le Parti Socialiste souffre d'un fonctionnement qui n'est plus en adéquation avec l'évolution de la vie politique. Ce fonctionnement est le reflet d'un cadre de pensée très largement national, peu en prise avec la réalité européenne et internationale. Le Parti Socialiste dispose également d'une base militante trop faible et trop homogène : 

  • Le PS est timide sur la construction européenne, comme prisonnier d'un prisme politique national. La fameuse « Fédération d'États Nations » est le symbole de son refus de choisir, entre intégration politique et coopération classique. Ce refus de choisir n'est pas compris par notre électorat. C'est une erreur politique majeure au moment où les Français, tout en la redoutant, souhaitent la souveraineté partagée pour mieux lutter contre la violence du libéralisme.
     
  • L'espace politique dans lequel nous opérons ne peut plus uniquement être national. Il faut encourager l'émergence d'un véritable débat public européen. Le défi qui nous est posé est bien celui de dépasser l'approche nationale sur laquelle s'est construite la social-démocratie.
     
  • L'intégration européenne ne peut se faire sans intégration de nos formations politiques nationales. Le Parti des Socialistes Européens est une coquille vide. Une autre organisation des forces socialistes et social-démocrates en Europe doit être proposée.
     
  • Le PS doit s'ouvrir à la diversité des catégories sociales qu'il a vocation à représenter. Cela commande de mieux représenter les sections et fédérations dans les instances nationales de direction. Cela doit aussi conduire à repenser profondément les règles de cotisation.

POUR UN AUTRE PSE :

  • Substitution d'un parti de militants, le Parti Socialiste Européen, à l'actuel Parti des Socialistes Européens, dont seraient membres tous les adhérents des partis socialistes et sociaux-démocrates de l'Union européenne, et auquel l'adhésion directe serait également permise à celles et ceux qui ne sont pas membres de formations politiques nationales.
     
  • Adoption des orientations politiques et élection de la direction du Parti Socialiste Européen par l'ensemble des adhérents lors de congrès.
     
  • Présence d'un nombre minimal de parlementaires européens dans les instances de direction du Parti Socialiste Européen.
     
  • Responsabilités du Parti Socialiste Européen :
     
    • détermination des orientations politiques de la famille socialiste et social-démocrate européenne sur les sujets de compétence exclusive de l'Union européenne ;
       
    • avis sur les sujets de compétence partagée entre l'Union et ses États membres, ces sujets restant cependant du domaine des formations politiques nationales ;
       
    • élaboration et adoption de la plate-forme socialiste pour les élections européennes ;
       
    • investiture des candidats socialistes au Parlement Européen (dans l'hypothèse, à nos yeux souhaitable, de l'élection d'une partie des parlementaires européens sur une liste transnationale) ;
       
    • investiture du candidat socialiste à la présidence de l'Union (si cette proposition devait être adoptée dans cadre de la Convention sur l'avenir de l'Europe) ;
       
    • mise en place d'un programme de formation permanente sur les questions européennes pour les dirigeants locaux des partis socialistes et sociaux-démocrates, pour les parlementaires nationaux et pour les candidats aux élections européennes ;
       
    • développement d'un programme de jumelage de sections et de fédérations des partis socialistes et sociaux-démocrates européens.
  • Transformation des sections locales des partis socialistes et sociaux-démocrates européens en sections du Parti Socialiste Européen - avec présence des adhérents directs - sur les sujets de compétence de celui-ci ou regroupement en une seule section locale du Parti Socialiste Européen des différentes sections des formations politiques nationales dans l'hypothèse où plusieurs de ces sections existeraient dans une même ville.

 
OUVRIR LE PS AUX SOCIALISTES EUROPÉENS :

  • Allocation de 10% des places - y compris éligibles - sur les listes du Parti Socialiste aux élections européennes à des camarades ressortissants d'autres États membres de l'Union européenne.
     
  • Allocation de 10% des places - y compris éligibles - sur les listes de candidats du Parti Socialiste aux élections municipales dans les communes de plus de 20 000 habitants ; 5% entre 3 500 et 20 000.

 
MIEUX ENTENDRE LES MILITANTS :

  • Réforme des mécanismes de cotisations du PS sur le modèle des partis de masse de la famille socialiste et social-démocrate (SPD, Labour, Parti Socialiste belge francophone, Parti Socialiste belge néerlandophone, etc.).
     
  • Composition à parité du Conseil National : Premiers Secrétaires Fédéraux et représentants des motions nationales d'orientation. 

FORMER NOS MILITANTS, PRÉPARER NOS RESPONSABLES :

Parmi les raisons de nos échecs de 2002, il faut souligner l'importance de la forme, et en particulier, du discours de nos dirigeants, c'est à dire de l'expression extérieure de nos idées et de nos propositions. Souvent, certes pas toujours, celle-ci est éloignée du langage ordinaire de la majorité de nos concitoyens, des employés, ouvriers, cadres moyens qui forment la base de la gauche.

Technocratique, arrogante, confuse, elle prend la forme du code (jargon ?) qui permet aux fonctionnaires de s'identifier entre eux mais qui entraîne le rejet de ceux qui ne sont pas admis à la pensée unique de l'élite, formée dans ces temples spécifiquement français que sont les « grandes écoles » qui, outre les connaissances, apprennent surtout la certitude, l'arrogance mais non la fraternité.

Pour combattre cette situation, nous proposons que le PS s'engage dans une politique de formation de grande ampleur qui devienne une des toutes premières priorités du parti. Cette action prendrait différentes formes, adaptée aux niveaux requis et devrait aller jusqu'au niveau universitaire. Elle couvrirait un large champ de sujets : histoire, philosophies politiques, économie, relations internationales, mais aussi les aspects pratiques de l'action politique (comment s'exprimer par écrit, par la parole, animer une réunion,...).

Elle devrait trouver un lien avec la formation professionnelle ou semi-professionnelle dont nous disons, à juste titre, qu'elle doit continuer toute la vie active. Le financement d'une telle politique devrait être étudié de manière à ce qu'elle soit assurée dans la durée et en s'appuyant sur les expériences déjà réalisées avec succès de centres fédéraux de formation.
Elle devrait, dés le niveau fédéral, comporter une dimension européenne tant dans le contenu que par le brassage de militants et de responsables des partis du PSE. 

Ainsi, le parti socialiste mettrait à la disposition de ses adhérents les moyens d'acquérir de nouvelles connaissances, de nouveaux talents, utiles pour leur action politique mais aussi dans leur vie professionnelle et sociale.

Il aiderait des camarades ayant les qualités et l'engagement nécessaires à se préparer à assumer des responsabilités de toutes sortes de la commune au niveau national et européen sans qu'ils soient nécessairement issus de ces « grandes écoles ». Il serait possible ainsi de dégager de nouvelles générations de dirigeants du PS, d'origine intellectuelle et sociale diversifiée, plus proches de nos concitoyens, plus modestes, au service de ceux qui les mandent et auxquels précisément ceux-ci pourraient s'identifier.