Débat militant
     
       Contribution de la section de Pékin  
  

 
1. Remettre sur pieds le Parti socialiste, la gauche française et la gauche européenne

Le Parti socialiste doit se rapprocher de la société française. Il faut d'abord améliorer nos relations avec les associations et les ONG, qui sont aujourd'hui les pans actifs de la société française et font beaucoup pour elle. Nous ne devons plus en avoir peur, ni craindre le risque de « communautarisation » de la société française : les gens ont besoin d'appartenir à des communautés, et cela n'est pas forcément contradictoire avec la République, en tous cas pas avec une conception moderne de la République. Nous devons nous réconcilier avec les communautés et avec les corps intermédiaires de la société, et laisser au passé étatisme et jacobinisme, qui ne sont pas synonymes de socialisme.

Le PS doit faire l'effort de recruter dans toutes les couches sociales et d'être moins élitiste. C'est vrai que les énarques, qui ont été formés pour cela, ont plus de facilités pour occuper les postes de responsabilité et briguer les mandats électoraux. Pour se diversifier, le PS doit donc développer une vraie politique de recrutement et de formation de militants à la vie politique et aux responsabilités publiques (ce que faisait le PC dans le temps), et aller au bout de la logique en les présentant aux élections. Des règles drastiques de non-cumul doivent être imposées (non-cumul de deux fonctions, et non-cumul dans le temps - plus de deux mandats), pour faire tourner les postes. Il faut aussi un statut de l'élu, pour permettre aux non-fonctionnaires de se présenter sans faire des sacrifices trop importants, et peut-être un statut de l'ancien élu (des fonctions honoraires, ou de conseil des sages), pour éviter que les limitations au nombre de mandats ne fasse perdre du savoir.

Le PS a besoin de leaders charismatiques pour l'avenir : il faut en chercher et en former activement. Nous nous demandons pourquoi certains qui auraient pu être ces leaders, comme Jacques Delors, ont fui le parti. Il y a un besoin urgent de renouvellement des cadres, mais on se demande aussi si les grosses fédérations du PS, verrouillées et sclérosées dans leur hiérarchie, comme celle du Nord - mais il y en a d'autres -, sont capables de faire émerger de nouveaux talents.

La gauche doit pouvoir se présenter unie aux élections, si elle veut les gagner. Mais il paraît difficile aujourd'hui de réussir une unification en un seul parti, quoique nous ayons beaucoup en commun avec les Verts, par exemple. Il faut donc, très vite après le Congrès, lancer les négociations avec tous les partis de gauche pour mettre au point un programme commun.
Il faut aussi se dépêcher de créer une vraie gauche européenne, qui débatte pour trouver des positions communes sur cet espace que nous partageons, nos espoirs et nos problèmes communs. L'Europe n'est plus un sujet séparé, c'est une dimension qui doit être présente à notre esprit dans tous les domaines.

2. Revitaliser la vie politique locale

Abandonner une vision jacobine de la République, et adopter la même logique pour le partage des compétences, de l'échelle européenne à la petite commune : faire en sorte que le maximum des décisions se prenne au plus près des gens, en garantissant par ailleurs la solidarité entre les territoires par la redistribution, et une bonne régulation par la loi. La décentralisation doit être poussée, quitte à abandonner des échelons plus très utiles (comme le département) et à en développer d'autres plus adaptés (les communautés de commune).

C'est au niveau le plus proche des gens que se développera alors l'activité du PS, et sa politique d'ouverture aux nouveaux adhérents et de formation. Nous soutenons l'idée d'un développement des permanences de quartiers, qui sont aujourd'hui quand elles existent généralement sinistres, pas engageantes et, d'ailleurs, la plupart du temps fermées.

3. Se réconcilier avec l'économie de marché, pour mieux la réguler

L'influence de Deng Xiaoping, sans doute... Nous pensons que le PS doit se réconcilier clairement avec l'économie de marché, pour son efficacité à créer de la richesse, mais évidemment dans un cadre qui comporte des régulations pour assurer la solidarité, la préservation de l'environnement et le développement durable. Le rôle de l'État dans ce système n'est pas nécessairement d'être présent partout, mais d'être le plus efficace possible dans sa mission de régulation. Nous devons profiter de la crise du modèle capitaliste américain pour proposer à l'échelle européenne un mode d'organisation de l'économie et de gestion des entreprises qui fasse beaucoup plus participer les salariés et les syndicats. Nous devons opposer au risque d'une Europe du capital, dont la puissance tiendrait les États en respect, une Europe du contrôle et de la régulation du capital, qui protégerait nos choix sociaux tout en protégeant le capital contre ses propres excès.

4. Émergence d'un projet de société

C'est dans ces détails et ces considérations techniques, voire technocratiques, qu'émerge progressivement l'image de notre projet de société ; pas une utopie, mais une perspective réaliste et qui mérite qu'on s'engage pour elle. Nous voulons une société où l'argent ne soit pas la seule valeur, où la richesse matérielle ne soit qu'un moyen, à créer et à partager avec d'autres en Europe et ailleurs, mais pas une fin ; une société où tout homme puisse à tout moment accéder au savoir et à l'éducation ; une société où le bien public reçoive une définition bien plus vaste, complexe et riche d'humanité que la simple mesure des résultats économiques.