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Bernard Kouchner, la Birmanie et le PS | ||
Notre camarade Bernard Kouchner, ancien ministre de la Santé, membre éminent de notre parti, et surtout personnalité de gauche la plus appréciée des Français (baromètre IPSOS-Le Point du 16 janvier), a publié fin septembre 2003 un rapport sur les investissements de la compagnie française TOTAL en Birmanie. Actuellement a lieu devant un tribunal français un bras de fer judiciaire entre la compagnie pétrolière et les victimes « présumées » de travail forcé lors de la construction du gazoduc Yadana en Birmanie. Ce rapport, payé par TOTAL - officiellement 12 500 euros net -, vise à dédouaner l'entreprise de toute implication dans des violations de droits de l'homme en Birmanie. Les organisations de défense des droits de l'homme - en premier lieu la FIDH - et plusieurs organes de presse - à commencer par le Nouvel Observateur, publication dite « de gauche » - ont relevé les erreurs grossières que comporte ce rapport « à décharge » de Bernard Kouchner. Cette motion n'ayant pas pour but d'alimenter la polémique, nous n'en reprendrons pas ici la liste, ni celle des contre-arguments développés ultérieurement par notre ami socialiste lui-même. Nous relèverons seulement le fait que le rapport de Bernard Kouchner accuse certains défenseurs des droits de l'homme d'être « peu informés », certains journalistes de n'avoir « pas enquêté » et de reproduire « des clichés ». Notre camarade Bernard, qui a passé quatre jours sur le terrain entouré des gens de Total, en sait évidemment beaucoup plus. Le texte de Bernard Kouchner affirme, reconnaissons-le, quelques vérités qu'on aimerait entendre plus souvent dans la bouche des dirigeants de TOTAL. Il rappelle notamment que « le gouvernement [de la Birmanie] n'est pas défendable, et tous ceux qui travaillent avec lui partagent l'opprobre ». Mais il eut été sage que notre ancien ministre s'applique cette dernière formule à lui-même. Car quelle que soit la réalité des accusations lancées contre TOTAL, cette entreprise n'en demeure pas moins l'un des principaux soutiens de la junte militaire de Rangoon, coupable, elle, des pires atrocités. En rédigeant ce rapport pour l'entreprise pétrolière, Bernard Kouchner a jeté le discrédit, non seulement sur son propre passé de défenseur des droits de l'Homme, mais également sur tous ceux qui partagent, au sein de notre parti, ses idéaux et ses valeurs. Nous formons le vœu que notre camarade Bernard Kouchner regrette publiquement d'avoir, par son rapport, aidé à montrer sous un jour favorable la collaboration de l'entreprise Total avec l'un des régimes les plus dictatoriaux de la planète. Nous demandons que le Premier secrétaire prenne clairement position, dans un communiqué, sur la situation politique en Birmanie, dénonçant le régime en place, rappelant la légitimité de la Ligue Nationale pour la Démocratie qui a remporté les élections en 1990, et se démarquant clairement des positions défendues par Bernard Kouchner - appelant par exemple à ce que l'entreprise Total, en tant que l'un des principaux soutiens financiers de la junte militaire, se retire immédiatement du pays. Nous formons le souhait que le Parti Socialiste, dans ses engagements en terme de politique étrangère, non seulement mette en avant la nécessité de faire progresser la situation des droits de l'homme dans le monde, mais agisse aussi par tous les moyens à l'encontre des régimes qui les bafouent ouvertement - le droit d'ingérence ! - et soit le promoteur d' une politique d'asile volontariste en faveur de ceux qui sont les victimes de ces Etats-bourreaux. Motion adoptée le 16 février 2004 par la section de Bangkok, Thaïlande (500 km de Rangoon)
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