Débats
     
    La Dérive de la laïcité en France  
     
  

Lors de notre dernière réunion le 11 février 2004, nous étions sous le choc du vote commun PS-UMP sur le voile et avons souhaité réaffirmer nos convictions par la motion suivante :

« La section de Varsovie regrette que les députés socialistes aient participé à l'opération de diversion politicienne organisée par Jacques CHIRAC et l'UMP et autour de la « refondation » de la laïcité.

Section de la Fédération des Français de l'étranger du PS, nous nous félicitons de la qualité des échanges et contributions qui ont pu être échangés, dans la FFE, à l'occasion de ce débat. Débat qui a souligné l'extrême diversité des sensibilités et approches sur la question. 

Dans le parti, il n'en a pas été de même. Ainsi les travaux de notre Université permanente de la laïcité n'ont pas pu être menés à terme, la direction du Parti ayant fixé sa position avant les conclusions de ses travaux.

Nous devons constater l'absence d'intégration d'une partie des personnes issues de l'immigration, Françaises ou non, et vivant en France. La situation économique et sociale en France, les improvisations successives et à courts termes de notre politique d'immigration expliquent sans doute cette situation. Le démembrement de notre système de protection sociale auquel travaille actuellement le gouvernement de Jacques Chirac ne fera malheureusement que la renforcer.

En votant ce texte, les députés (y compris les députés socialistes) montrent que la France n'est plus sûre de ses valeurs. Ces valeurs n'auraient-elles plus la capacité d'argumenter contre la différence ? Auraient-elles perdues leur force de conviction ? Nos députés n'y croiraient-ils plus ? Une Ecole qui doute de ses vertus pédagogiques et intégratrices est-elle toujours une école ? Une stigmatisation de l'Islam qui provoquera des replis communautaires, est-ce vraiment défendre notre conception de la République unitaire ? L'incapacité de la France à digérer les différences, la méconnaissance des religions que ce débat a révélé, favoriseront l'exclusion et le racisme. Nous ne pouvons nous résigner à cette « lepenisation » des esprits.

La «loi sur le voile » est un signe inquiétant de l'idée que se fait la représentation nationale de la capacité de la France d'être une communauté citoyenne multicolore. L'affirmation d'un engagement politique ou religieux dérange. La différence est ostensible. La société doit être aseptisée. 

Comment avons-nous pu au PS accepter d'afficher cette communauté d'objectif avec l'UMP, bien soulignée par les médias ? Nous n'avons même pas saisi l'occasion pour lancer des propositions et ouvrir un réel débat pour une meilleure intégration des femmes et des hommes issus de l'immigration dans leurs droits et dans notre communauté nationale. Une Convention Nationale du PS sur ce sujet essentiel aurait été bienvenue et l'occasion de débattre avec les autres partis, syndicats, associations qui constituent lorsqu'ils travaillent ensemble, la force de la gauche. »