Débats |
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Contribution au débat sur l'Europe | ||
Réunie le 8 janvier 2004, la section de Yaoundé a produit la réflexion suivante contributive au débat, qui a été ouvert au sein du Parti Socialiste et de la Fédération des Français de l'Etranger en particulier.
Ce débat, qui a l'origine devait s'engager sur le projet de convention pour l'avenir de l'Europe, établissant une sorte de constitution européenne, a changé de nature depuis l'échec du sommet des chefs d'Etat et de Gouvernement de Bruxelles en décembre dernier. Cet échec consacre la victoire des intérêts nationaux sur les ambitions européennes. Les responsabilités sont partagées entre membres fondateurs, membres de l'Union et futurs membres. Cet échec démontre que les responsables politiques des pays européens, qui jusqu'à présent avait géré l'évolution européenne, sans trop se soucier d'en appeler au citoyen européen, sont arrivés au bout d'une démarche de plus en plus bancale de Maastricht à Amsterdam, puis à Nice, au blocage de Bruxelles. Ce faisant, ils n'encouragent pas les citoyens que nous sommes à adhérer à l'idée européenne. Cela se ressent et pourrait être accentué lors des Elections européennes de juin prochain, où l'abstention risque fort d'être à nouveau la grande gagnante de cette consultation. Car les Européens et particulièrement nous les Français n'accordons pas une grande confiance à nos politiciens et à nos institutions, y compris européens. Il est vrai de plus que l'hypocrisie des politiciens consistant à trop souvent rejeter sur « Bruxelles », ce qu'ils ont accepté dans des conseils de ministres ou de gouvernements, ne plaide pas en faveur de l'Europe. L'Union Européenne ne ressemble à rien de connu jusqu'ici, sans identité commune, ni politique, c'est essentiellement un espace de libre échange économique ou règne la paix. L'Europe n'a pas d'âme, c'est une puissance économique, qui est sans voix et sans effet au-delà de ses propres frontières. Nous ne sommes pas contre l'élargissement de l'Europe, c'est une obligation morale, historique, et c'est avant tout une démarche politique qui tient les citoyens en lisière ; mais il aurait été préférable de réformer et d'approfondir ses institutions avant de l'élargir, en d'autres termes on a mis la charrue avant les bœufs. Le 1 mai prochain l'élargissement de l'Union Européenne de 15 à 25 membres va devenir effectif, cet élargissement insuffisamment régulé, où l'écart des richesses entre pays fait craindre pour nous des effets sur l'emploi, car il va accroître la concurrence sociale entre les anciens pays membres et les nouveaux, accélérant les délocalisations d'activité. Comme l'élargissement va se faire à budget constant, ce sont les régions les plus pauvres qui vont payer la solidarité à l'égard des nouveaux pays. Ce qui va conduire les citoyens européens à se venger dans les urnes en juin prochain, au profit de partis extrêmes qui sont contre l'Europe fédérale et sociale que nous voulons et à laquelle nous croyons. L'enjeu des prochaines élections européennes ne se réduit pas seulement à un débat sur la perspective institutionnelle de l'Europe, mais doit plutôt porter sur la construction d'une Europe ambitieuse, puissance économique, politique, ayant vocation à « exporter » ses savoirs vivre sociaux et culturels dans le monde entier, au lieu d'adopter trop souvent une posture d'adaptation au « modèle » américain. Si cette ambition ne peut en l'état actuel se réaliser avec 25 pays membres, sachons la développer nous même au sein du PSE d'une part et au niveau des Etats membres d'autre part. En approfondissant la construction européenne avec les pays, qui tout comme nous entendent aller plus loin dans la construction d'une Europe fédérale, particulièrement dans les domaines sociaux et politiques qui sont les nôtres. Avec l'Allemagne, soyons les exemples et le moteur d'un modèle européen, que les citoyens des autres pays de l'Union Européenne souhaiteront à leur tour rejoindre.
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