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Le 15 avril 2003
Depuis le 19 septembre 2002, la Côte d'Ivoire est confrontée à une crise d'une extrême complexité qui plonge ses racines dans l'incapacité de la classe politique en général à gérer avec courage et responsabilité le difficile héritage laissé par Houphouet-Boigny. D'épineuses questions comme celles de l'identité et de la propriété foncière, traitées sans discernement dans un contexte de démocratie naissante et exploitées à des fins politiciennes par les principaux chefs de partis, ont transformé la Côte d'Ivoire en une véritable poudrière.
La France s'est efforcée de réduire les effets dévastateurs de la crise, d'abord en garantissant la sécurité de tous les étrangers vivant dans le pays, notamment des ressortissants français, puis en assurant, à la demande du président Laurent Gbagbo, la surveillance de la ligne de cessez-le-feu séparant l'armée gouvernementale des rebelles, enfin en engageant une action diplomatique dans le but d'amener les forces politiques et militaires à un compromis acceptable.
Toutefois, malgré le mandat de l'O.N.U qui donne à sa présence militaire en Côte d'Ivoire toute la légitimité nécessaire, la France est l'objet d'attaques constantes de la part de personnalités et de groupes proches du pouvoir qui n'hésitent pas à l'accuser de complicité avec les rebelles. Des symboles de la présence française ont été saccagés : consulat, centre culturel, écoles primaires et secondaires ; des résidences privés et des magasins ont été pillés ; des ressortissants français ont été victimes d'agressions verbales et physiques. La dégradation des relations entre les deux pays suscite donc au sein de la communauté française d'Abidjan la crainte d'être prise en otage, alors qu'elle est déjà considérablement affectée par la récession économique.
Dès le mois d'octobre 2002, la section d'Abidjan a souhaité s'exprimer sur le sujet, mais elle n'a pu, à ce jour, produire une déclaration unitaire en raison de divergences d'opinions sur l'action du gouvernement français, mais également sur la manière dont le pouvoir ivoirien gère la crise depuis son commencement. Si tous les adhérents condamnent par principe toute tentative de prise de pouvoir par les armes, en revanche beaucoup s'étonnent et se montrent déçus du « soutien sans faille » apporté à un pouvoir pour le moins sujet à caution, par l'Internationaliste socialiste en octobre 2002 et, à plusieurs reprises, par des membres éminents de notre parti. Notons que les déclarations contradictoires et parfois à l'emporte-pièce de membres du conseil national de notre parti, à propos des accords de Marcoussis, ont produit sur place un effet déplorable.
Malgré les sensibilités diverses de ses membres, la section d'Abidjan :
- réaffirme sa condamnation de tous les coups d'Etat, celui de décembre 1999 ne pouvant être considéré comme plus légitime que celui de septembre 2002 ;
- condamne toutes les atteintes aux libertés fondamentales et aux droits de l'homme et souhaite que soit rapidement mis fin au règne de l'impunité sur le sol ivoirien ;
- joint sa voix à toutes les organisations politiques et non gouvernementales pour lesquelles la recherche de la paix représente le seul moyen de promouvoir le développement du pays ;
- demande au Premier secrétaire du parti d'exprimer une position claire sur le sujet.
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